Premier jour du voyage d’étude 2025 à Montréal, compte-rendu par Athika Fazil, Claire Guignet, Bintou Karamoko
Le 28 septembre 2020, Joyce Echaquan, une femme autochtone meurt dans un hôpital du Québec. Outre son décès lié à des défauts de prise en charge, elle a subi des insultes raciales de la part du personnel soignant, révélant l’existence d’un racisme systémique anti-autochtone dans les établissements de santé.
Ce drame nous a été raconté par un guide d’un organisme communautaire, L’Autre Montréal , qui propose des circuits thématiques ou territoriaux permettant de découvrir Montréal dans ses aspects connus mais aussi méconnus sur les plans historiques, culturels, politiques ou encore géographiques. Plus spécifiquement, cette visite de L’Autre Montréal nous a permis de découvrir des quartiers populaires et des communautés en situation de marginalité (itinérants/en errance, migrants, autochtones, LGBTQ+…). Des communautés qui sont notamment en perte de confiance vis-à-vis des institutions, y compris du travail social, ce qui rend d’autant plus précieux la création d’un lien entre elles et les organismes communautaires.

Cette visite nous a aussi permis de découvrir divers projets d’action communautaire. A titre d’exemple, le projet Cactus Montréal , qui offre plusieurs services qu’on peut caractériser comme relevant de la prévention des risques liés à la consommation de drogues. Nous avons pu aussi inscrire dans une perspective historique des enjeux et défis actuels qui se posent dans la ville de Montréal, tels que la cohabitation dans un même territoire entre des populations et communautés en situation de marginalité et les autres habitants.
Nous avons terminé cette visite par le quartier de Parc-Extension, qui accueille les vagues d’immigration les plus récentes, qui ont notamment la particularité de n’être ni francophones, ni anglophones. Ce qui constitue un autre défi dans leur accompagnement.

L’après-midi a été l’objet d’une autre découverte : celle d’un service intégré, la Clinique Mauve, qui comprend une équipe pluridisciplinaire, associant travailleur·ses sociaux·les, psychologues, soignant·es et chercheur·ses, qui proposent à la fois :
- des services médicaux, psychosociaux et de santé auprès des personnes LGBTQI+ migrant·es et racisé·es vivant à Montréal ;
- des formations auprès de professionnel·le·s de la santé et des services sociaux à propos de ces personnes
- ainsi que des projets de recherche collaborative
Première du genre au Québec, elle rayonne par son approche novatrice qui vient bousculer nos représentations, repères et pratiques professionnelles, de par leur engagement militant, leur approche communautaire mais aussi l’hybridation entre intervention, formation et recherche.
Outre deux membres de cette équipe, nous avons pu bénéficier de l’intervention d’une de leur partenaire, une professeure de l’université de Montréal, qui nous a notamment permis de croiser la formation au travail social en France et au Québec. Parmi les différences qui nous ont semblé les plus marquantes, l’existence au Québec (et plus largement au Canada) d’un Ordre professionnel des travailleurs sociaux et thérapeutes conjugaux et familiaux, ainsi que le contenu de la formation, qui sensibilise et professionnalise les travailleur·ses sociaux·les canadien·nes aux approches anti-oppressive, décoloniale, féministe ou encore anti-raciste…

Cette journée, dont la marginalité constituait un des fils rouges, nous a permis de découvrir une ville avec des acteur·ices engagé·es dans la lutte contre la déshumanisation et tourné·es vers un avenir plus juste et inclusif.
OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
Ruggero Iori (8 avril 2025). Montréal sous l’angle de la marginalité. Master EPDIS. Consulté le 19 juin 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/13png